de fr it

Caziscouvent

Chapitre de chanoinesses, selon la règle de saint Augustin dès 1156, prieuré de dominicaines dès 1647, au centre de la commune de C., près de Thusis, à l'ouest du diocèse de Coire. Début du IXe s. Gaczes, fin du IXe s. Chazes, 926 Cacias. Patrons: saint Pierre (926) et saint Paul à l'époque moderne.

Rencontre de sainte Anne et saint Joachim à la Porte d'or. Huile sur bois, vers 1525 (Musée national suisse, DEP-64.2).
Rencontre de sainte Anne et saint Joachim à la Porte d'or. Huile sur bois, vers 1525 (Musée national suisse, DEP-64.2). […]

Fondé vers l'an 700 par l'évêque de Coire sur des terres appartenant à l'Eglise, C. est le plus ancien des couvents féminins, voire de tous les couvents, du diocèse. Au début, il fluctua probablement entre statut canonial et monastique. En 1156, l'évêque Adelgott imposa à C., alors chapitre séculier, la règle de saint Augustin et le plaça sous l'obédience des prémontrés de Saint-Lucius, qui prirent en charge la nomination de la supérieure, l'administration et la direction spirituelle. Mais cette mesure ne signifiait ni incorporation à Saint-Lucius ni introduction de la règle des prémontrés. Le couvent continua au contraire de dépendre directement de l'évêque et semble s'être détaché de Saint-Lucius au XIIIe s. déjà. A la fin du XIVe s., les chanoinesses disposaient à nouveau de biens propres. En raison des articles d'Ilanz de 1526 qui lui interdirent l'accueil de novices, le couvent se vida peu à peu; il fut sécularisé par la Ligue grise après le décès de la dernière abbesse en 1570. Durant les troubles que connurent les Grisons à l'époque de la guerre de Trente Ans, les efforts des catholiques pour rétablir le couvent aboutirent à l'installation de dominicaines en 1647. Jusqu'en 1751, les religieuses eurent à régler avec la juridiction de Thusis et la communauté de C. des différends à propos de biens et de droits d'usage. Un incendie détruisit en 1768 une grande partie de l'église et du couvent. Un pensionnat de jeunes filles fut ouvert brièvement en 1855 et une école ménagère en 1955.

Les terres du couvent se situaient avant tout dans le Heinzenberg (cinq fermes), le Domleschg et le Safiental (treize fermes), puis dans la vallée de l'Albula, l'Oberhalbstein et le Val Venosta. Le couvent ne parvint jamais à se rendre autonome de l'évêché. L'avouerie était assumée par le vidame épiscopal du Domleschg. Parmi les familles de ministériaux à qui échut cette fonction se distinguent au XIVe s. les Schauenstein, qui ont leur caveau dans le couvent. Toutefois l'avouerie sur la vallée de Safien, rattachée au comté de Schams, avait été inféodée par l'évêque aux barons de Vaz et à leurs successeurs; elle passa aux barons de Rhäzüns en 1396 à la suite de guerres privées.

Dans le cadre de ses efforts de réforme, l'évêque Adelgott incorpora au couvent, en 1156, les chapelles Saint-Martin de C. et Saint-Alban de Carschenna (comm. Sils im Domleschg), les séparant, de même que le couvent, de la paroisse mère de Hochrialt (Saint-Jean à Hohenrätien). En 1359, C. céda à l'évêque ses terres du Val Venosta contre le patronage de Hochrialt. En 1499, l'église du couvent, Saint-Pierre, alors en reconstruction, remplaça Saint-Martin comme paroissiale.

De plan rectangulaire, Saint-Martin a gardé son aspect du VIIe ou du VIIIe s. et Saint-Pierre, pour l'essentiel, celui de sa reconstruction en gothique flamboyant, achevée en 1504. A l'origine, le couvent se trouvait probablement au nord-ouest du site actuel, au lieudit Claustra vedra ("ancien couvent"). Il fut certainement déplacé après l'incendie de 1369.

Sources et bibliographie

  • L. Joos, «Die beiden Safien-Urbare des Klosters Cazis von 1495 und 1502 im Gemeindearchiv von Safien-Platz», in BM, 1959, 277-332
  • W. Schubert, «Studien zur Geschichte des Klosters Cazis», in BM, 1960, 198-225
  • L. Blöchlinger, Das Dominikanerinnenkloster Cazis, 1980
  • U.P. Casutt et al., Geschichte der Pfarrei Cazis, 1983
  • HS, III/1, 253-256
Liens
Autres liens
e-LIR

Suggestion de citation

Florian Hitz: "Cazis (couvent)", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 19.04.2012, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/011876/2012-04-19/, consulté le 16.04.2024.